Total (Escargot) Recall
L’aut’ jour, avec ma coupine Marlène, on était en vacances à la mer.
Lassées de la morosité ambiante de nos hôtes, on a décidé de partir et d’aller voir l’autre mer.
Sur le papier, c’était facile : un premier train Perpignan-Toulouse habilement enchaîné avec un Toulouse-Bayonne et hop hop hop, ni vu ni connu, on passait du ressac plan-plan et glauque aux remous agités des vagues de la côte Atlantique.
Dans la vraie vie, ça s’est pas passé comme ça. Va savoir pourquoi, le premier train qui devait mettre trois heures en a mis six. Et bizarrement, le deuxième train est parti sans nous. Il a fallu attendre trois heures de plus en gare de Toulouse pour en trouver un qui nous emmène à destination.
En attendant, nous, on n’a pas chômé : on a joué à la course aux bureaux. Tu connais pas ? C’est un jeu rigolo pourtant. Tu vas dans un bureau pour demander si un dédommagement est prévu pour les trois heures supplémentaires de marination dans le tortillard. Et là tu entends la sempiternelle phrase : « Moi je peux rien pour vous mais allez voir Monsieur Machin dans le bureau Schmurtz… ».
NB : Le Monsieur ne s’appelait pas vraiment Monsieur Machin et son bureau ne portait pas le numéro Schmurtz. En fait c’est pour dire assez maladroitement que nous avons vu moult Monsieur (et même parfois des Madame, c’est pour dire) et qu’ils avaient leur propre bureau qui avait chacun un numéro spécifique.
En conclusion, la réponse finale a été : « Z’avez beau ne pas vous appeler Martine, vous pouvez vous brosser quand même ». Ce qui, en français dans le texte, signifie : « Bien que le retard du train que vous venez de prendre soit regrettable et vous fera, dans le meilleur des cas, arriver à bon port six heures plus tard que prévu, sachez que la SNCF ne vous est en rien redevable de quoi que ce soit quant à la responsabilité de ce désagrément ; et ceci parce que vous avez emprunté un TER ».
A ce moment là, nous avons commencé à voir rouge. Anéfé : quand on prend un train qui met (normalement, si tout va bien) le double du temps d’un train classique à distance égale, on ne peut pas être remboursé. C’est comme ça, c’est le cadeau bonux.
C’est ce jour là que j’ai su ce que voulait dire l’accolement de ces trois initiales. On est vraiment bêtes : c’était marqué dessus, et nous, on l’avait même pas vu*.
TER = Très En Retard.
Il a eu le nez creux celui qui a trouvé cette abréviation-là, didon.
(Suite au prochain épisode, car il y en a un)
* : cf. article « Comme Bach » ligne 7. (Nan, pas La Courneuve-Porte d’Ivry [Clin d’œil pour toi Olivier qui nous quitte ce soir pour des cieux plus cléments…])